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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Visage retrouvé" de Wajdi Mouawad chez Babel


Wahab est né au Liban. C'est un garçon discret et rêveur qui a commencé à parler tard, à quatre ans, préférant regarder les oiseaux. Comme un refus de grandir.

Et puis la guerre arrive, il voit la Mort, cette dame aux membres de bois, au visage voilé, vêtue de noir qui tord le cou et mange les têtes. Une vision d'horreur qui va l'accompagner de longues années.

Ensuite viennent l'exil et la difficulté d'être.

Pour ses quatorze ans, il reçoit un joli étui en argent avec la clé de l'appartement. C'est un pas, plus encore une fracture. Il est un âge où un avant existe dans le temps, il est arrivé à ce moment charnière mais il refuse encore de grandir. C'est pourquoi quand il rentre cette première fois avec sa propre clé, il ne reconnaît plus sa mère et sa soeur, devenues des étrangères. Des femmes, figures rassurantes, maternelles. Il fugue pour tout fuir, surtout lui-même et rencontrera un vieil homme qui lui apprendra qu'une peur chasse l'autre, que la peur s'apprivoise. L'enfant est sur le chemin vers l'homme.


Il y a dans ce roman beaucoup de Wajdi Mouawad : la guerre, l'exil, ses propres fantômes. Un roman comme une fable qui nous dit la difficulté de grandir et que la construction de l'identité se fait en miroir de l'autre. Tant que quelqu'un est là pour nous écouter, nous existons.

Il nous dit également que peut exister un désaccord violent entre la réalité et nos sentiments, en une sorte de monumental bordel. Et l'âge est "(...) une manière de nous y retrouver un peu, nous retrouver face à la grande peur de notre vie."

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