L'histoire que nous raconte l'auteure avec un immense talent se déroule dans le Londres contemporain et débute au moment même de l'élection d'Obama. Nous y suivons deux couples dans la tourmente d'une crise conjugale, crise personnelle également.
Il y a Mélissa et Michaël, en couple depuis treize ans, parents de deux enfants dont un bébé de six mois.
Mélissa est une belle métisse, journaliste de renom qui s'est vue contrainte de réduire ses heures de travail à la naissance de son petit dernier. Dans un monde qui tourne vite, une réputation se perd tout aussi vite. Elle regrette que la maternité se révèle si tyrannique, regrette l'oblitération de sa liberté. Elle en veut à son mari d'avoir un job qui le sort de la maison et de ne pas assez la seconder. Les griefs tus s'accumulent et éloignent le couple, mettent à mal l'amour. Michaël aime sa femme comme au premier jour, son désir est toujours vif mais se heurte à un mur, le frustrant du manque de passion dans sa vie amoureuse et sexuelle. Son désarroi le jette dans les bras d'une autre femme et le dégoûte de lui-même. En outre, il ne comprend pas sa femme qui désire quitter Londres, sa violence et son racisme. Il est favorable au multiculturalisme et veut, quant à lui, que ses enfants grandissent au milieu du mouvement et de nationalités diverses.
Il y a leurs meilleurs amis, Stephanie et Damian, parents de trois enfants.
Damian a beaucoup de mal à se remettre de la mort de son père et vit comme un zombie sans plus d'intérêt pour rien, au grand dam de sa femme qui n'arrive plus à lui parler. Amoureux de Mélissa, il se laissera aller à l'irréparable.
Diana Evans possède le talent du portrait et décrit avec justesse chaque détail de la vie quotidienne, de même que les affres de l'incertitude. Les caractères sont riches et nuancés, superbement définis, autant féminins que masculins. Elle nous dit l'amour qui disparaît sans que l'on ne comprenne la ou les raison(s). Elle nous parle avec finesse de ce qu'est être parents, de ce que cela change dans nos vies et que la perfection en ce domaine n'existe guère. Elle est convaincante quand elle décrit le couple et ses déraillements, les rêves perdus, les corps qui s'éloignent, les mots qui fuient, les yeux qui s'évitent, la complicité envolée, la passion qui gît, disloquée, dans des draps jadis de feu.
La vie nous donne parfois l'impression de nous être perdus en chemin, de ne plus savoir où nous chercher et nous rend fragiles.
"Combien de temps vas-tu continuer à vivre ta vie comme si tu te balançais en équilibre sur un fil ?"
"Tu dois traverser le fleuve, jusqu'à l'autre côté de toi-même. Après ça, tu trouveras le bon chemin."
Yorumlar