Une campagne aux ciels tourmentés, celle du travail rude aux lendemains incertains, celle des chevaux attelés et des outils rudimentaires.
Le Père Gabriel reçoit en confession une requête insolite et saisissante : l'asile va le mander pour bénir un corps, peut-il récupérer des carnets que celle qui le sollicite a cachés sous la robe de la défunte ? Sa prime réticence vaincue, il s'exécute et découvre l'histoire de Rose, une lecture qui transforme sa vision de la foi et celle de l'humain.
Rose est l'aînée de quatre filles et, malgré la dureté de la vie, vit des heures douces dans la ferme familiale. Son père, aux abois, accepte de la vendre au châtelain local, une transaction qui signe une véritable descente aux enfers pour tous. Rose, vive, futée, lucide, voit son innocence ravagée par l'orgueil et le pouvoir tout puissant aux inavouables compromissions.
Je n'ai pas l'envie de vous en révéler plus, inutile de déflorer cet éblouissant roman à l'héroïne inoubliable qui jamais ne s'avoue vaincue et s'écrit - s'écrie, comme elle le dit - pour rester libre.
Franck Bouysse use de mots précis, pudiques, aussi poétiques, mêlés de silences au rythme justement dosé, autant de respirations qui viennent nous sauver de la noyade dans l'abject; des mots à la sensibilité palpable, caressés d'une incontestable musicalité, qui fouillent au plus profond de l'âme pour y débusquer les secrets tus, les lâchetés, les désirs noirs et abominables, la cruauté malsaine.
Un roman fort au dénouement surprenant.
Un roman sombre où filtre cependant la lumière.
Je salue ici la beauté de la couverture et l'excellence du titre.
"Les histoires qu'on raconte, celles qu'on se raconte.
Les histoires sont des maisons aux murs de papier, et le loup rôde." p.10
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