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  • Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Là d'où je viens a disparu" Guillaume Poix chez Verticales


De l'été 2015 à l'été 2019, l'auteur nous plonge au coeur de la vie de migrants, du Salvador aux Etats-Unis, en passant par la France et la Somalie. Des voix racontent les couloirs de la migration où beaucoup s'abîment, fuyant la guerre et la misère.

Litzy a fui le Salvador, sa violence et sa pauvreté, pour les Etats-Unis où elle a mis au monde Zach, mère célibataire et clandestine qui fera le choix, quand les autorités la renvoient, de laisser là son fils pour qu'il ait un avenir.

Marta a éduqué seule ses deux fils. Fabio, l'aîné avec lequel le dialogue était difficile, a disparu depuis longtemps, réfugié aux Etats-Unis où le cadet Luis décide de partir pour protéger sa femme et sa fille de la toute-puissance des gangs.

Angie se sent à l'étroit en Somalie et veut rejoindre sa tante Sahra qu'elle croit professeur à l'université aux U.SA. - en vérité, femme de ménage du Président parce qu'elle n'a pas d'autre choix. Pour éviter d'être agressée, violentée, elle se transforme en Giant et, après deux longues années d'un voyage éprouvant, elle arrive enfin à la frontière française.

Hélène et Pascal sont en couple et vivent à Lyon. Pascal s'inquiète pour leur fils unique Jérémy qui semble perdu, "scratché". Il est atterré quand il apprend qu'il s'est trouvé une raison de vivre dans un groupe d'extrême-droite actif dans la lutte anti-immigration. Hélène, membre d'une association qui défend les migrants, échouera à dialoguer avec son fils. Où ont-ils failli dans leur rôle de parents ? Est-ce vraiment un échec ?


Un beau roman roman choral, comme le précédent roman de l'auteur "Les fils conducteurs", qui nous dit la violence du monde, nous parle d'humanité et d'inhumanité. Comment comprendre le monde ? Comment se mettre à la place de la personne pour laquelle la vie se réduit à courir en baissant le regard ? - "Nul ne part de chez soi à moins que chez soi ne soit la gueule d'un requin" Warsan Shire. Comment s'inspirer de modèles dans lesquels l'on ne se reconnaît pas ?

Il nous dit la peur éprouvée par les parents, quel que soit le pays de naissance, pour leurs enfants; l'envie de leur transmettre le meilleur, de les garder des souffrances; la difficulté d'accepter certains de leurs choix, de les laisser grandir en dehors de leurs opinions et ne pas aimer ce qu'ils voient.

Un roman brut qui laisse un arrière-goût amer, peignant une humanité qui n'en a plus le nom, des mondes ravagés, des abandons nécessaires, comme le dit le titre emprunté à la poétesse somalienne Warsan Shire.


"I do not know where I am going,

Where I have come from is disappearing."

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