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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"La petite dernière" Fatima Daas chez Notabilia


"Je m'appelle Fatima. Je suis la mazoziya. La petite dernière. Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Je suis Française. Je suis d'origine algérienne. Je porte le nom d'une Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Je suis une menteuse. Je suis une pécheresse. Je suis une adolescente perturbée, inadaptée. Adulte, je suis hyper-inadaptée.J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne."


Fatima Daas nous parle d'elle en allant à l'essentiel en une prose choc qui ressemble à un long poème incantatoire.


Ses parents croyants qui ne leur ont jamais parlé de Dieu, à elle et ses soeurs; sa foi à elle, bien présente malgré tout.

Le fait qu'elle ait été un bébé accident, et pis encore, ses parents désiraient alors un garçon. Comment sur ces bases se bâtir une sexualité ?

Fatima lutte contre son inclination pour les femmes, raconte avec détachement sa première fois avec un homme, une formalité. Sa difficulté à s'assumer lesbienne en même temps que son envie d'y arriver. Elle porte le nom d'un personnage exemplaire de l'Islam, elle se doit d'être à la hauteur !

Elle dit la difficulté de se confier dans une famille pour laquelle le silence est d'or.

Elle parle de son rapport à l'autre qu'elle qualifie "d'inconstant". Mais comment apprendre à aimer quand l'on ne vous a pas appris ?

Elle parle avec subtilité du racisme, de ces marques presque ineffaçables, qui lui ont fait abandonner ses études - un professeur d'espagnol persuadé que son excellent devoir n'est pas d'elle.

Elle parle de son asthme allergique si sévère qu'il lui occasionne des séjours à l'hôpital.

Elle confie sa thérapie, nécessaire, prolongée dans l'écriture.

Elle raconte Nina, "l'héroïne de mon histoire", l'amour compliqué en butte à leurs blessures propres; Rokya, sa flamboyante amie, celle à qui elle confiera son penchant.

Elle parle de l'émancipation nécessaire pour être soi, ayant compris que partir ne signifie pas forcément rompre, abandonner.


Le ton de Fatima est familier et d'une simplicité émouvante. Elle se confie tout en pudeur sincère dans une écriture quasi automatique, comme si elle laissait libre cours à ses pensées, se saisissant de celles qui se présentent. Les chapitres sont autant de fragments d'elle, les facettes d'une identité qui se construit et grandit de se frotter au monde et à elle-même, luttant contre les préjugés familiaux et les injonctions sociales. L'écriture permet de mettre en mots les incertitudes et les doutes, et peut-être de les comprendre, de les apaiser.


"J'ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu'elles ne se montrent."


"Je cherche une stabilité. Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, à côté de sa vie, à côté de la plaque."




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