À quarante ans, Fausto Dalmasso ne sait plus où il en est : son couple se rompt après dix ans, il se dit écrivain mais n'a jusqu'à présent récolté qu'un succès d'estime pour un roman sur des histoires de couples "qui se lassaient, se trompaient, se quittaient, ou restaient ensemble pour se faire plus de mal encore". Il est las de ce genre d'histoire, cherche un second souffle. Il se réfugie à Fontana Fredda, petite station du Val d'Aoste, avec l'espoir de se recommencer. Après trois mois, sans presque plus de moyens, il va devoir repartir. Il se confie devant un verre de vin, dans le seul lieu de rencontre de Fontana, le Festin de Babette, à la propriétaire, une femme de caractère, une révolutionnaire qui "a tendance à adopter les orphelins et à chercher des solutions pratiques aux problèmes existentiels". Elle lui propose une place de cuistot. Là, Fausto a le regard attiré par la nouvelle serveuse, Silvia, jeune femme enjouée de vingt-sept ans, artiste aux allures de baroudeuse. Elle n'a pas encore décidé quelle orientation donner à sa vie, veut travailler dans un refuge en été, près des glaciers. Silvia qui sent janvier entre dans le coeur de Fausto.
"Ça sentait quoi janvier ? Fumée de poêle. Prés secs et gelés en attente de la neige. Le corps nu d'une fille après une longue solitude. Un parfum de miracle."
Paolo Cognetti possède le talent d'écrire le quotidien, sa simplicité. Il parle avec bonheur de la montagne, son refuge, nous la donne à aimer : ses saisons contrastées, ses mille beautés, ses odeurs sauvages et boisées, jusqu'à ses dangers... son irréductibilité.
"Fontana Fredda était faite à parts égales de réalités et de désirs. Et autour de Fontana Fredda la montagne existait, parfaitement indifférente aux rêves de ces êtres humains, et elle continuerait d'exister à leur réveil."
Il dessine avec délicatesse l'amour et l'amitié, se fait explorateur des solitudes, s'attache à notre recherche d'une vie plus "pure", plus vraie, plus juste. Il nous assure que, pour aller de l'avant, il faut avant tout se tourner vers l'arrière, afin d'éviter de fuir sans cesse, et qu'il est inutile de culpabiliser pour chaque branche morte qui casse.
Comme les "Trente-six vues du mont Fuji" d'Hokusai, livre offert par Silvia à Fausto, le roman se découpe en trente-six chapitres, courts, autant de scènes qui pointent un essentiel.
Tel le loup du titre, l'homme est un éternel intranquille, à la recherche de la félicité - bien évidemment différente pour chacun. La sagesse est - serait ? - de s'émanciper de cette quête éperdue et sans doute vaine pour se féliciter du présent, un don.
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