"Le passé est comme une grenade qui n'explose que quand on le lance." p.278
Faisant suite à Jo Nesbo et Tracy Chevalier, Jeanette Winterson reprend ici le "Conte d'hiver" de Shakespeare, pièce jouée pour la première fois en 1611. Et Shakespeare est éternel...
Je vous rappelle ?
L'intrigue se déroule en Sicile. Polixène, roi de Bohême, séjourne chez Léonte, son ami d'enfance et roi de Sicile. Après neuf mois, il désire s'en retourner. Léonte le convainc de rester, aidé par son épouse Hermione. Polixène accepte et là tout part en vrille. Léonte est pris de paranoïa et se met en tête que son ami et son épouse sont amants, qu'il n'est pas le père de l'enfant qu'elle attend. Camillo, un seigneur du royaume, est chargé d'empoisonner Polixène. Mais il l'avertit et ils fuient. Léonte jette Hermione en prison et abandonne sa fille Perdita qui sera recueillie par un berger.
Des années plus tard, le fils de Polixène, Florizel, tombe en amour pour Perdita et veut l'épouser contre l'avis de son père. Le couple s'échappe vers la Sicile où Léonte, ignorant tout, s'amourache de Perdita avant d'apprendre qu'elle est sa fille.
L'auteure parachute tout ce petit monde à Londres et redistribue les rôles. Léonte y campe un roi des fonds d'investissement à la City dont les dents rayent le parquet; il est requin, jaloux et parano. Hermione y devient MiMi, star adulée de la chanson. Polixène y est Xéno, créateur de jeux vidéo, perdu dans sa réalité virtuelle et sexuelle. Perdita est catapultée à la Nouvelle-Orléans et adoptée par un père afro-américain et son fils.
Le temps suit son cours, le monde est pareil ! Le même théâtre tragi-comique de guerres, de trahisons, de rages et d'envies, de peines d'amour, de jalousies, d'allégeances et de revanches. A toute histoire, il y a trois fins possibles : la tragédie, la vengeance, le pardon.
"Cette pièce parle du pardon et des futurs possibles - de la façon dont le pardon et le futur sont liés dans les deux sens. Le temps est bien réversible." pp.300-301
Le temps et ses failles qui nous offrent d'autres vies...
"Le monde poursuit sa course, indifférent à la joie, au désespoir ou à la fortune d'une femme, à ce qu'a perdu un homme. Impossible de savoir ce que vivent les autres. Il est déjà difficile de connaître notre propre vie au-delà des détails avec lesquels il nous faut nous débrouiller. Et ce qui nous transforme à jamais arrive sans que nous sachions que ça arrive. Le moment qui ressemble à tous les autres est celui où viennent se briser ou cicatriser les coeurs. Et le temps qui s'écoule, si stable et régulier, s'écoule furieusement hors des horloges. Il suffit d'un instant pour changer toute une vie et il faut toute une vie pour comprendre ce qui a changé." pp.285_286
Fantastique, malicieux et addictif !
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