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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"L'été des oranges amères" Claire Fuller chez Stock


Frances Jellico est proche de la soixantaine. Alitée, elle retourne à ses trente-neuf ans et cet été qui a changé sa vie. Se souvenir et compter les jours...

Cet été-là, elle vient de perdre sa mère, une femme acariâtre à laquelle elle a sacrifié sa jeunesse. Pour la première fois, elle n'a qu'à se soucier d'elle seule. Elle accepte un emploi estival à Lyntons, grande propriété au coeur de la campagne anglaise, jadis somptueuse, aujourd'hui décrépite. L'acheteur américain l'a chargée de faire un relevé des jardins - l'architecture de jardin est sa spécialité - de façon à revendre aux Etats-Unis les richesses qu'elle découvrirait. Elle pensait y séjourner seule mais y trouve Peter, engagé pour recenser les biens restant dans la demeure, et Cora, la compagne de celui-ci. Frances, tout d'abord sur la défensive, sera vite fascinée par ce couple à des années-lumière de ce qu'elle connaît. Autant Frances est corsetée à tous les niveaux, autant Cora est sauvage et libre. Autant Frances est quelconque et accuse un surpoids qu'elle vit mal, autant Cora est lumineuse et mince, petit lutin fougueux et envoûtant. Nous sommes en 1969 mais le temps semble suspendu.

Peu à peu, une amitié naît entre eux, Peter et Cora sont chaleureux et spontanés. Fatalement, Frances sent son coeur battre pour Peter et imagine qu'il est attiré par elle, certains signes semblent évidents. Que faire de ses sentiments alors que tous deux la prennent pour confidente et que leurs discours ne sont pas raccord ? Que cachent-ils donc? Que faire quand, pour la toute première fois, elle connaît l'amitié ?


Un roman magique et éthéré qui nous emporte sans effort. L'atmosphère devient vite trouble, étrange, pesante. Frances, vieillie, semble se confesser au prêtre à son chevet. Que doit-elle avouer avant de fermer les yeux ? Quelle culpabilité retient son dernier souffle ?

L'auteure nous emmène dans l'intrigue avec finesse et génie, elle nous ouvre des portes, en referme d'autres, se joue du lecteur qui en redemande. Elle nous parle de solitude, de ras-le-bol, de morts douces ou violentes, des frissons du mensonge, de ce dont nous sommes capables pour survivre, de ce "si peu" qui fait dévier une vie, nous dit qu'il est terrifiant de côtoyer les abîmes. Et que tout ce dont nous avons besoin, c'est d'une main posée sur la nôtre.


Lisez aussi l'excellent "Un mariage anglais" !

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