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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"L'empreinte" d'Alexandria Marzano-Lesnevich paru chez Sonatine


"Sous la surface de ce qui peut être dit subsiste la vibration d'un monde qui n'appartient qu'aux ténèbres." p.150


Un récit fulgurant, véritable coup de poing dont l'on ne ressort pas indemne, tant il parle à notre part d'ombre, à nos convictions, à nos responsabilités.

Alexandria a tôt décidé d'entreprendre des études de droit, galvanisée par l'exemple de ses parents, convaincue qu'elle entre là dans l'univers de la justice. Elle choisira de faire son stage dans le cabinet de Clive Stafford Smith, fervent combattant de la peine de mort, comme elle l'est elle-même. C'est alors qu'elle rencontre Ricky Langley, un pédophile, une rencontre-étincelle qui viendra dynamiter les multiples couches de protection dans lesquelles elle s'est réfugiée.

Toute petite déjà, Alexandria a compris que l'on peut être absolument qui l'on veut. Son enfance et son adolescence ne seront qu'un festival de déguisements successifs - des cheveux teints de couleurs étonnantes en passant par les vêtements déchirés jusqu'à la garde-robe épurée et sobre. Son autre bouclier est l'anorexie, dans laquelle elle plonge jusqu'à l'ultime limite, afin d'être invisible, afin que la vie soit supportable. Et oublier... oublier les attouchements et les viols commis par son grand-père paternel, oublier le silence de ses parents qu'elle a avertis...

Devoir débattre de l'affaire Langley, condamné pour le meurtre de Jérémy, un gamin de six ans, va la forcer à affronter son passé et les douleurs qu'elle a sans cesse enfouies profondément, à écouter son corps, preuve criante de ce qu'elle porte jour après jour de colère, de terreur, de chagrin, pour s'en défaire et trouver un apaisement. Apprendre à connaître Ricky - son passé dramatique, ses appels à l'aide restés lettre morte, sa détresse - la fait cheminer vers sa propre libération, aussi vers le pardon.


Un style fluide et attachant qui nous happe et nous tient, nous emportant dans un récit mixé d'autobiographie et de journalisme d'investigation qui met à l'interrogation la dichotomie bien-mal et la notion de justice. Une seule conclusion : la loi est plus personnelle que ce que nous pensons et la vérité infiniment complexe.

Un livre impressionnant, saisissant autant qu'élégant, à la portée universelle en ceci qu'il nous parle de secrets de famille, de culpabilité, d'intégrité, de notre humanité et de nos failles, d'amour et de pardon...

Et rester debout est comme un art...


"Alors j'essaie quelque chose de neuf. Pas de tourner le dos au passé, pas de le fuir, mais de lui tendre la main. Je dis au passé : Viens avec moi, donc, tandis que je poursuis ma vie." p.448

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