Alissa, Ali, part à Istanbul dans l'espoir d'y retrouver Anton, son jumeau. C'est de cette ville cosmopolite, turbulente et déchirée qu'il a envoyé sa dernière carte postale, sans aucun mot, criante dans son silence.
Un silence qui écorche Ali d'un sentiment entre le manque et la trahison. Elle ne cherche pas à le ramener, elle entend seulement connaître les raisons de son éloignement, surtout celles de ce silence.
Dans la ville aux quinze millions d'habitants, aux côtés du bienveillant Cemal, oncle de son cher ami Elyas, c'est elle-même qu'elle va rencontrer.
Dans son sillage, l'héritage de la famille Tchépanov, des exilés russes atterris en Allemagne. Dans son sillage, outre le cortège de malheurs, de rêves tus, de mariages de raison, de regrets, d'alcoolisme, de violences, de misères, se dessine la quête de son identité.
Un premier roman saisissant par son écriture vivante, véritable explosion de couleurs, d'odeurs, autant de sensations, souvent fortes, pour se coller au plus près des bouleversements que les changements, choisis ou non, provoquent en nous. Avec des mots chatoyants rendre l'indicible, l'âme éteinte d'avoir trop souffert, d'avoir trop accepté les compromis... et le feu qui couve.
Toutes ces odeurs marquent au fer rouge la mémoire, ces odeurs telles des cicatrices de duretés et de drames, traces indélébiles de ces situations que l'on prie tous les dieux de ne plus revivre et qui, par la force du souvenir olfactif, restent gravées en nous.
Un roman qui nous parle de nos héritages inconscients et dit qu'il est inutile de vouloir leur échapper. Il est par contre possible de les apprivoiser et de se créer une famille là où nous sommes, parce qu'il est impossible de se trouver hors de soi.
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