"En vain, durant des milliers d'années, la souffrance a appelé. Et puis quelque chose a répondu." p.17
Tour à tour animales ou humaines, du Néolithique aux Royaumes Indiens, en passant par la Mésopotamie, la Chine ancienne et l'Empire romain, quatre âmes meurent, revivent et se cherchent à la lumière du souvenir de leurs vies passées.
Tristan Garcia est athée et ne croit dès lors pas en la métempsycose. Il en use cependant comme ressort pour s'interroger sur l'idée d'âme et celle de la souffrance.
Qu'est-ce que l'âme, cette essence invisible ? Existe-t-elle ?
Qu'est-ce que la souffrance, entité protéiforme, éphémère ou récurrente, qui peut toucher le physique comme le mental et le sentimental, et s'incarne dans un véritable kaléidoscope : maladies, peurs, tortures, peines, froid, faim, soif, deuil, fatigue, solitude... ?
Est-il possible de vivre sans souffrir ? ou souffrir nous rend-t-il plus vivants ?
Dans ce conte mythique, tragique, cruel, ce sont les exclus de l'Histoire, les oubliés, les vaincus qui ont voix, les dominés écorchés au plus profond et qui essaient de trouver un sens, avec ou sans foi.
La littérature est faite pour dire le monde et, par l'intermédiaire du roman, l'auteur tente, sans s'approprier l'expérience de l'autre, de comprendre l'organique et violente souffrance en un élan de sympathie - du latin "sympathia", du grec "sumpatheia" qui signifie "compassion" -profondément humain dont il cherche à définir la limite.
Une somptueuse et savante épopée qui s'inspire des plus grands textes fondateurs de l'Histoire mondiale - tels le "Ramayana", le "Mahabharata", les récits d'Homère - pour en éclairer les ombres, aussi dire notre hubris, nos folies et nos désarrois.
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