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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Erika Sattler" Hervé Bel chez Stock


Nous sommes en Pologne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, aux premiers jours de janvier 1945 - du 16 au 20 - et nous suivons la fuite d'Erika Sattler, fervente adepte du national-socialisme. Le Reich a perdu de sa force, l'étau se resserre, les Allemands sont en déroute face à l'avancée russe, Erika veut sauver sa peau. Pour la première fois, elle fuit, pour la première fois, elle a peur.

Erika a vingt-quatre et se distingue par son incroyable beauté, celle-là même qui l'aidera à passer entre les mailles du filet. Erika, dont le père disait quand elle avait quatorze ans qu'elle était sans coeur, est effectivement froide, ne connaît ni le pardon ni la concession, de tout son être dédiée aux idéaux nazis. Elle a épousé le beau Paul qui pour elle s'est engagé dans les SS, Paul si gentil qui ne supportera pas son travail dans un camp et aidera un prisonnier à s'échapper, au péril de sa propre vie. Qu'importe, pourvu de rester fidèle à celui qu'il est.

A aucun moment, Erika n'a envisagé qu'Hitler puisse perdre, sûre de la toute-puissance de son Allemagne. Et pourtant....


Hervé Bel nous montre à voir le mal dans ce qu'il peut avoir de plus banal, l'humanité sous son jour le plus terrible et c'est glaçant. Les scènes de dévastation, de tortures, d'avilissement dans ce qu'elles eurent de plus abject ne nous sont pas épargnées. Au-delà de l'endoctrinement dépersonnalisant, il nous fait le portrait d'une femme consciemment convaincue de la supériorité du nazisme, de sa légitimité, et qui le restera sa vie durant parce qu'elle en a fait son rêve. Elle est à mes yeux une véritable psychopathe, incapable d'empathie, au coeur froid, ne ressentant aucune culpabilité, inapte à aimer. C'est un personnage que l'on aime détester ! Le seul bémol, ce gimmick trop récurrent, est qu'elle est sans arrêt sauvée grâce à son exceptionnelle beauté par des hommes qui n'aspirent qu'à la séduire. Elle manipule ces hommes non avec son intelligence mais avec sa plastique irréprochable et ils veulent qu'elle se souvienne d'eux, en rêvant à d'autres délices. Rassurez-vous, au coeur des ténèbres, il y a une lumière, celle portée par le personnage de Paul, humain et généreux, qui tente d'échapper à une folie sans nom au risque de sa vie, aussi nombre d'Allemands, de soldats atterrés, qui ne veulent plus cautionner l'horreur dans laquelle ils ont été entraînés.

Le roman se joue en trois temps : 1944 - 1945 -1969, une large part étant consacrée à janvier 1945 en une narration au suspense attractif. Un roman noir qui prend aux tripes jusqu'au dégoût.

Et comprendre les mécanismes de la terreur sans rien excuser...


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