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Joyce Carol Oates est un Maître, une magicienne des ambiances.
Elle nous parle, dans ses sept nouvelles, de femmes, adolescentes, veuve ou célibataires. Qu'elles soient fortes ou faibles, toutes sont meurtries, toutes sont victimes de la violence des hommes, la visible ou celle, plus pernicieuse, qui ne se discerne pas au premier regard.
Elle nous parle de pédophilie et de la manipulation de jeunes esprits; de l'attraction qu'exerce encore un mari mort, pourtant un homme bien peu aimable; de la fascination qu'éprouve une jeune femme envers le corps nu d'une autre, noyée dans un réservoir, l'impunité du meurtrier; du désespoir dans lequel peut plonger la solitude et un coeur brisé; de la sauvagerie d'un père pour endurcir ses enfants; de cette femme dévorée de chagrin depuis la mort de son mari et qui, à force de l'observer, se transforme en héron bleu, impitoyable prédateur, pour venger d'innocents volatiles attaqués par des ados et pour éloigner son beau-frère trop envahissant. Et puis, cette dernière nouvelle complètement foutraque et hilarante de cruauté qui parodie les consignes de sécurité données dans les avions. Sauf que là, le commandant de bord est un ancien soldat revenu d'un hôpital psychiatrique abruti de médocs, sauf que là vous n'avez qu'un billet aller et aucune possibilité de prendre un billet retour. Je vous laisse découvrir la suite...
Le talent de J.C.Oates est de transformer l'ordinaire en extraordinaire, d'infiltrer du malaise là où l'on ne l'attend pas. Dans un monde qui semble paisible - la pétillante campagne, la douce nature -, elle glisse de la noirceur qui se révèle souvent abyssale. Elle nous dit les tourments et les troubles, le passé inoubliable, les marécages obscurs de nos vies, comme leurs mystères. Terriblement efficace, comme toujours !
"Nos vies ressemblent tant à de la science-fiction, se dit-elle. L'univers parallèle dans lequel, innocemment, en toute ignorance, nous continuons à exister comme avant, sans nous rendre compte que, dans un autre univers, nous avons cessé de vivre." p.67
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