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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Dans les angles morts" Elizabeth Brundage chez Quai Voltaire


L'intrigue se passe à Chosen, petit bourg agricole du nord de l'État de New-York, un soir de tempête où la neige paralyse tout. Nous sommes le 23 février 1979, George Clare, en rentrant de l'université où il enseigne l'histoire de l'art, trouve sa femme morte. Catherine a été assassinée de façon horrible et barbare, elle a une hache plantée dans la tête. Qui pouvait en vouloir à l'adorable jeune femme de vingt-six ans, belle et diaphane, mère et épouse dévouée, amie bienveillante ? Ne restent plus que consternation et peur dans la ville déjà mise à mal par un précédent drame : la ferme où vit le couple Clare appartenait à la famille Hale. Ella et Cal Hale, qui se sont follement aimés et ont eu trois fils, se sont suicidés ensemble en raison de graves difficultés financières.

Catherine et George formaient un beau couple envié, renvoyaient l'image d'une aimable tranquillité domestique, mais ils avaient construit un mensonge spectaculaire, leur couple était un trompe-l'oeil parfait. En vérité, tout les opposait.

"Ils étaient comme deux usagers des transports en commun, que le hasard a assis côte à côte dans un train à la destination inconnue. Elle avait l'impression qu'elle le connaissait à peine."

Derrière son affabilité, George est un homme vaniteux, un gosse de riches, égocentrique, athée, beau parleur. Son ambition est soutenue d'un tempérament froid et retors. Catherine vient d'une famille catholique dans laquelle les filles sont éduquées pour être de parfaites épouses et mères - "En tant que catholiques, elles avaient leurs propres traditions volontaires, et le déni en faisait partie". Passionnée d'art, elle est devenue peintre, spécialisée dans les fresques murales qu'elle restaure. Le mariage l'a éloignée de tout ce qu'elle aime, y compris d'elle-même.

Pour le shérif Travis Lawton, George est le principal suspect. Quels secrets, quelle culpabilité se cachent dans les angles morts des vies de ceux concernés, de près ou de loin, par la tragédie ?


Elizabeth Brundage happe son lecteur dès les premiers mots et le tient ferré jusqu'à la fin avec ce magnétique roman de moeurs qui décortique l'âme et le coeur humains, sonde ces moments infimes où tout commence à déraper, où les soucis, qui petit à petit s'accumulent, lentement, très lentement, nous défigurent. Elle détaille finement les mécanismes de la manipulation et de la peur, la violence silencieuse et perfide. S'opposant au sombre de la désespérance, il y a la beauté de l'amitié et de l'amour, éclats de lumière qui nous empêchent de nous diluer avec nos rêves abandonnés. Et il y a la vérité qui surgit, à un moment donné, tôt ou tard, et qui vient faire justice.

Un roman riche, profond, contrasté, au style impeccable.



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