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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Ce qu'il faut de nuit" Laurent Petitmangin à La Manufacture de livres


Un homme se raconte, un père se livre. Il nous dit l'incrédulité dans laquelle l'a laissé la mort de sa femme, le confrontant au quotidien le plus banal, celui dont il ne s'occupait pas : que faire à manger ce soir ? où sont rangés les vêtements d'hiver ? etc.

Tout s'ajuste autour de l'ombre de l'absente, vaille que vaille père et fils restent debout et avancent dans une bonne entente, le père voulant le meilleur pour ses deux fils.

Et puis les années passent, les garçons deviennent peu à peu des hommes qui se choisissent une vie, se forgent des opinions. Quand il apprend que son aîné, Frédéric alias Fus, fréquente un groupe aux idées extrémistes, le père s'adapte et se sent lâche de ne pas l'affronter, se sent vieux d'adopter un faux rythme dans leur relation, une danse d'évitement. Jusqu'à ce que le drame s'invite au coeur de l'intime, repoussant la fuite en lisière. Le temps est venu d'affronter les non-dits et le regard des autres.


Laurent Petitmangin nous offre un court roman intense et sensible, simple et tendre sur la famille et ses batailles, les certitudes et les doutes, la perte de dialogue et la difficulté de le renouer, la responsabilité et l'inconditionnel de l'amour. Les mots du père sont émouvants à dire le désarroi et la honte qu'il éprouve face au geste de son fils; l'humain partagé entre la volonté de rester juste et la force de l'amour paternel. Oui, il est émouvant ce père qui s'interroge sur ses propres failles : a-t-il fait ce qu'il fallait ? "Est-ce qu'on est toujours responsable de ce qui nous arrive ?"; cet homme qui décide d'entrer dans la lutte et de tenir son rôle de père, de protéger son fils et de continuer à le faire grandir, de lui faire confiance parce qu'il a compris ce qu'est la vie.


"J'avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. 'J'ai été là au bon moment', voilà ce que bien des gens comblés pouvaient confesser."


Dans la vie, il y a ce qu'il faut de nuit, il y a ce mix inévitable de ténèbres et de grâce.


Un roman aux phrases courtes, percutantes, aux bifurcations brutales qui, au-delà du conflit des générations, nous parle avec justesse du lien qui unit père et fils, et plus encore qui lie un humain à un autre humain.


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