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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Borgo Vecchio" Giosuè Calaciura chez Notabilia


Borgo Vecchio est un quartier pauvre de Palerme où, si la misère grève la vie quotidienne, elle foudroie aussi les corps, harasse les âmes. C'est un coeur sombre, un labyrinthe de passages dérobés, d'ombres et de violences, union conflictuelle et universelle du paradis et de l'enfer, un maelström de tragédies et d'histoires mystérieuses, à défaut d'être merveilleuses.

Borgo Vecchio est la patrie de trois adolescents, trois amis, Mimmo, Cristofaro et Céleste. Mimmo est le fils du charcutier, un filou qui a trafiqué sa balance et qui achète Nanà, un cheval bonne pâte qu'il fera participer à des courses clandestines, n'hésitant pas à user d'un vilain moyen pour le faire gagnant. Mimmo est amoureux de Céleste, la fille de la prostituée, qui vit sur le balcon quand sa mère officie; Mimmo reste des heures à la contempler quel que soit le temps, à la dévorer des yeux pendant qu'elle étudie, seule échappatoire à sa condition. Mimmo veut défendre son ami Cristofaro, fils unique d'un homme qui se perd dans la boisson et le roue de coups, dans le silence assourdissant des voisins. Ils sont tous deux conscients que l'issue sera fatale, la rage s'amplifiant. Mimmo décide alors d'engager la petite frappe locale, Totò, pour régler le problème, proposant de le payer avec le cheval de son père. Mais que ferait Totò d'un cheval ? C'est quand il entend les cris de Cristofaro qu'il a la certitude "que s'il sauvait Cristofaro, il changerait le monde entier." Aucun enfant ne doit supporter le désespoir des pères. Un coeur tendre et une volonté chevaleresque suffisent-ils à vaincre l'injustice des hommes ?


"Borgo Vecchio" est un roman éblouissant et incandescent, d'une poésie rare pour dire la brutalité et le sordide avec des touches de lumineuse espérance, parce qu'il y a toujours "la clarté de l'aube d'un autre jour". "Borgo Vecchio" est un coeur qui bat entre les mains du lecteur, un petit monde où les sentiments sont si forts qu'ils n'ont pas besoin d'être dits et où la magie a droit de cité - les animaux y ont le pouvoir de parler et d'être entendus par qui est sensible à leur langage.

Le style de Giosuè Calaciura y ajoute sa touche merveilleuse. Sa plume enchanteresse semble littéralement léviter et nous emporte dans un festival de couleurs et de parfums en évocations sensuelles, donne une âme à toute chose. Ecoutez :


"La balle suivit Totò le voleur sur toute la longueur de la place en évitant les procès inutiles, déviant de tous les obstacles, toutes les cibles. Totò la sentit si proche qu'il entendit le sifflement de son râle, s'aplatit contre le mur et se laissa dépasser. Dans l'élan de sa rage, la balle ne perçut pas ce mouvement prudent de Totò et le perdit. Elle continua à le chercher au-delà de la parabole de sa trajectoire, toute pleine de la frustration des projectiles qui ont manqué leur cible."


Merci à lise Chapuis pour la flamboyante traduction.





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