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Photo du rédacteurStéphanie Loré

"Aussi riche que le roi" Abigail Assor chez Gallimard



Sarah a seize ans, autant d'années de galères vécues. Elle est la fille unique de Monique, une Française, qui ne lui a jamais parlé de son père. A Cannes, elles vivaient avec Joe qui les nourrissait en échange de corps à corps. Quand il commence à lorgner Sarah, gamine de dix ans, sa mère décide de faire ses valises. Elle rencontre alors Didier qui lui vante l'Eldorado marocain... et les plante là sitôt arrivés à Casablanca, en n'oubliant pas de faire main basse sur les économies de Monique. Pour survivre, cette dernière se prostitue et un pygmalion lui trouve une petite maison à Casa Est, quartier en lisière du bidonville.

Sarah refuse de plier l'échine, elle rêve d'un ailleurs fait d'or et de Rolex et entre en guerre contre la pauvreté avec, comme arme, son corps. Elle n'a aucun mal à s'attirer les faveurs des garçons des beaux quartiers, elle est si belle qu'elle les hypnotise. Quand elle apprend que Driss est le plus riche de la bande, "peut-être aussi riche que le roi", et malgré le fait qu'elle le trouve franchement laid, elle entreprend de le séduire avec comme but avoué de s'en faire épouser. Mais ce ne sont pas les bonnes fées qui décident dans ce monde-là...


Abigail Assor est née à Casablanca, une ville qu'elle nous peint sans complaisance, depuis ses quartiers aseptisés jusqu'à ses coins coupe-gorge, dans un festival de sons, d'odeurs et de couleurs.

Son personnage central, Sarah, est à la fois agaçant et émouvant. Elle agace par son côté petite intrigante, menteuse-frondeuse. Elle émeut par la naïveté dont, malgré tout, elle fait preuve, par ses rêves de mieux et le regard qu'elle pose sur Driss, un regard qui évolue vers l'amour quand elle prend conscience qu'ils portent en eux la même guerre, ne sont pas d'accord avec l'état des choses et veulent trouver une solution. Il est "son seul ami, son frère".


"Mais elle savait mieux que tout le monde que, dans ce pays, on ne pouvait vivre ni digne ni libre quand on est pauvre, et peut-être Driss pensait-il que chez les riches non plus, on n'était pas libre et on n'était pas digne, pliant comme il pliait sous la violence de ses pairs, et qu'il n'aurait pas de regrets à les quitter. Mais il ne voyait pas l'éclatante vérité : les chaînes qui nous ligotent, il vaut mieux les porter autour du poignet, en plaqué or."


Si le roman est d'une facture un peu classique, voire scolaire, sa fin est belle qui permet à l'imagination du lecteur de s'amuser de l'ouverture laissée. Nous ne pouvons pas changer le sable dans lequel nous sommes nés, cependant nous pouvons y tracer d'autres chemins que ceux qui nous semblent prédestinés.


Une auteure à suivre !


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